Cinq ans après


Laudato Si a été publiée le 18 juin 2015 et suscite aujourd'hui encore parmi les chrétiens et beaucoup d'autres, autant d'intérêt qu'à sa parution, sinon plus. Le Pape François, lui-mêm, ne manque pas de le manifester. Le 24 mai dernier, il a lancé "une année Laudato Si'. Cette dernière date étant le rappel du jour de la signature du document rendu public en juin.

Dans l'Unité pastorale de Tournai-Est, nous avons la chance d'avoir l'abbé Guy Cossé de Maulde parmi nos connaissances. Quand il est dans la région, il ne manque pas de venir concélébrer avec l'une ou l'autre de nos communautés dominicales. Il suit attentivement nos activités par le biais du mensuel "Soleil levant", et suggère des contenus très intéressants. Dernièrement, il nous a envoyé un message en lien avec l'invitation du Pape. Le "Centre Avec" pour lequel il est chargé d'études et d'animation a réalisé un outil : Petit guide. Pour dialoguer avec Laudato si’, en vue d'aider "à aller plus profond, plus intérieurement, dans la démarche de conversion intégrale à laquelle le pape François invite". Dans ce guide, Claire Brandeleer analyse Laudato Si', cinq ans après sa publication.

Avant de parler de ce texte,  il est fort important de remarquer que toute la période de confinement ainsi que sa gestion nous ont révélé une vision de l'humain véhiculée par des responsables décideurs de ces moments. Soyons clairs, cette vision n'est pas acceptable. Elle chosifie l'humain en l'assimilant à son corps. On se rappelle vaguement qu'il est un être spirituel, un être social et en occultant qu'un être humain est aussi religieux. Ainsi, les mesures prises pour tous sont comparables à celles qu'on applique aux patients accidentés porteurs de traumatismes qui les plongent dans l'inconscience. Mais la plupart des confinés étaient bien conscients et les mesures tenaient à peine compte de leur vie spirituelle, sociale et religieuse.

La vision de l'humain dans laudato Si' est tout autre. Dans les premières phrases de sa lettre, le Pape voit la corporalité et la spiritualité comme étant indissociables. L'être humain "pense, réfléchit, médite, espère et agit".  Il voit aussi sa sociabilité quand il l'invite à prendre position "en faveur de la transition vers une société écologiquement durable, socialement juste, solidaire et conviviale". Et évidemment, il le voit très clairement doté de sa capacité d'un être religieux en l'invitant à la conversion écologique.

Dans son analyse, Claire Brandeller expose la question du sens de l'existence en soulignant en particulier une question du paragraphe 160 : "pour quoi passons-nous en ce monde, pour quoi venons-nous à cette vie, pour quoi travaillons-nous et luttons-nous, pour quoi cette terre a-t-elle besoin de nous ?" Mais c'est le message de tout ce paragraphe qui est pour elle une source d'espérance et la pousse à l'action. Ce message donne aussi un nouveau sens au mot écologie qui devient "une certaine manière de se tenir dans la vie, une certaine façon d’être au monde et de s’y engager, une certaine manière de se rapporter aux autres, à soi, à la nature, à Dieu".

Ce nouveau sens de l'écologie serait à l'origine d'un changement de culture, c'est à dire des actions dont il est un critère essentiel et même incontournable. Ainsi le discernement avant la prise de décisions se voit doté d'un nouveau critère qu'on peut appeler : le critère Laudato Si'. Il servira à l'humain d'aujourd'hui à prendre des décisions entre le consumérisme addictif et la spiritualité libératrice.

Même si "Laudato Si' n'est pas un programme politique clé-sur-porte, ni un recueil d'éco-gestes à appliquer sans trop penser" il s'introduit dans "le socle commun des droits humains" comme le lien entre l'écologique et le social". Mais pour les chrétiens, il va plus loin en mettant au premier plan la relation avec Jésus et les relations avec le monde qui les entoure. L'avenir de "la maison commune la Terre" dépend de la mise en place de ce critère.

Durant le confinement nous avons beaucoup souffert, nous avons beaucoup travaillé et tout dernièrement nous nous sommes activés pour la mise en place des mesures de sécurité en vue de la reprise de nos célébrations. À tous et à chacun, toute ma reconnaissance.

Après avoir mis en place des chaises, le sens de circulation dans l'église, le gel hydroalcoolique... le temps vient de mettre en place ce nouveau critère pour réaliser notre conversion écologique : "laisser jaillir les conséquences de notre relation avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui nous entoure". Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre que la crise passe et que tout redevienne comme avant. La crise est un moment d'évaluation, de discernement, de décision, comme un obstacle et une opportunité, qu'elle ne nous laisse pas immobiles, indifférents, révoltés, mais actifs, engagés et enthousiastes.   

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